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Petite tortue deviendra grande (peut-être)

Après une soixantaine de jours, elles sont sorties de leurs œufs et nagent maintenant avec énergie et enthousiasme dans le bassin qui leur sert de maison, en attendant le retour à la mer. Quel plaisir de les découvrir, lors de mon dernier passage à la Tortugranja !

Ces bébés tortues sont des Carey, l’espèce la plus commune au Yucatan, et aussi la plus petite (taille maximale de 90 centimètres, pour un poids de 80 kilos)

Peu d’entre elles deviendront des adultes (on calcule une ou deux par nid) et on ne sait quasiment rien des lieux qu’elles fréquentent les premières années de leur vie. Cela reste un des grands mystères de la nature… tout comme le mécanisme qui leur permet de retrouver leur plage de naissance qu’elles reviendront fréquenter vers l’âge de 15-20 ans.  On les reverra près des récifs de corail, se nourrissant principalement d’éponges tout en ne dédaignant ni algues, ni crustacés, ni petits poissons ou encore méduses !

Les scientifiques ont longtemps pensé que la Carey était sédentaire, avant de découvrir qu’elle aussi peut couvrir de longues distances au cours de sa vie…

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Les Mayas pensaient que les tortues pouvaient apporter la pluie et faire pousser les cultures.

Une antique légende raconte que Chac, le dieu de la pluie, était tombé sous le charme d’une belle déesse. Il en avait oublié la terre et le pays Maya vivait une épouvantable sécheresse, car Chac, tout occupé à courtiser sa déesse, n’écoutait plus les prières des prêtres.

Les Mayas demandèrent alors aux tortues sacrées d’intervenir. Elles furent hissées sur le toit des temples et des maisons et de là, appelèrent Chac qui reprit enfin conscience de son rôle. À l’invitation du dieu, elles crachèrent longtemps de l’eau, les humains furent désaltérés et les récoltes sauvées… est-ce cette légende qu’illustre la Maison des Tortues à Uxmal? Un autre mystère…

Rituel estival

Tortugranja, Isla Mujeres

De mai à octobre, les biologistes guettent leur arrivée. Elles émergent de la mer après un long voyage. Après avoir tant nagé (et elles nagent vite, je peux vous le dire, pour les avoir croisées au cours de mes plongées), les voilà toutes pataudes sur le sable, elles montent lentement, creusent un trou et pondent. Entre 100 et 200 œufs, selon leur taille et leur âge, qui seront recueillis pour être enfouis dans un champ de sable, à l’abri des prédateurs, à la Tortugranja (Ferme des Tortues), lieu consacré à l’observation et à la préservation des tortues des Caraïbes. Pour avoir pu en tenir un dans ma main, je peux vous dire que l’œuf de tortue n’a rien en commun avec les œufs de poule : ils sont gros comme une balle de ping-pong, lourds, et surtout, froids – ce qui est logique mais surprenant pour notre imaginaire qui assimile œuf et douce tiédeur…

prête à pondretortuesun à un, apparaissent les oeufsune partie des oeufs

Il y a déjà 8 nids à la Tortugranja et ce n’est que le début. Dans une cinquantaine de jours, les petites tortues débuteront leur existence dans les bassins de la ferme et  et découvriront la mer, relâchées par les enfants de l’ile, le premier dimanche de septembre, pour aller y vivre leur vie . Celles qui survivront (1 sur 1000) reviendront nous visiter dans quelques années…

les plus récentesIncubateur pour tortuesTortugranja, Isla MujeresUn des bassins de la Tortugranja

J’ai eu la chance, à plusieurs reprises, d’aller les observer. Je ne m’en lasse pas et serai contente de retourner les voir, sans oublier que l’inconscience des hommes a failli avoir raison d’elles, qui vivent sur notre boule bleue depuis depuis l’ère dite des reptiles (entre 245 et 65 millions d’années), survivant à des changements climatiques assez drastiques que pour faire disparaître, à l’ère jurassique, la moitié des espèces y vivant à l’époque, ou encore aux bouleversements causés par la collision d’un météorite dans la zone de Chixculub.
Quatre espèces de tortues marines fréquentent les côtes d’Isla Mujeres : la tortue blanche, la Cahuama, la Carey, et, parfois, la tortue luth.

Tortugranja, Isla MujeresTortugranja, Isla Mujeresl'heure du repas...miam!

La pollution (les sacs en plastique sont des tueurs, lorsque jetés à la mer, confondus avec une méduse par les tortues qui les avalent et s’étouffent ), la dégradation de leur milieu de vie (construction d’hôtels le long des plages qu’elles ont l’habitude de fréquenter), les captures accidentelles par les flottilles de pêche et surtout le braconnage ont considérablement réduit leur population.

Elles sont désormais protégées à travers tout le Mexique et sévères sont les conséquences pour ceux qui se risqueraient à les maltraiter.

Mais plus que par des lois, elles seront réellement protégées lorsque nous respecterons leur milieu de vie, nous y intégrant plutôt que de briser leur fragile écosystème…

Pour plus d’info, je vous invite à consulter les deux sites suivants :

Tortues marines de la Péninsule du Yucatan (en français)

Tortugas marinas – Quintana Roo (en espagnol, mais ne manquez pas les superbes vidéos)

Notes :

. certaines des photos qui accompagnent ce billet (celles de la plage) ont été publiées antérieurement ; j’ai promis de ne plus aller voir les tortues avec ma caméra, après avoir obtenu un « contrat » de cinq photos… elles n’aiment pas ça, les photos, les lueurs des flashs, alors, respectons cela…

. ce billet est dédié à Zoreilles, qui aime les tortues – je lui avais promis de leur consacrer au moins un billet, voilà qui est fait…