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Rituel estival

Tortugranja, Isla Mujeres

De mai à octobre, les biologistes guettent leur arrivée. Elles émergent de la mer après un long voyage. Après avoir tant nagé (et elles nagent vite, je peux vous le dire, pour les avoir croisées au cours de mes plongées), les voilà toutes pataudes sur le sable, elles montent lentement, creusent un trou et pondent. Entre 100 et 200 œufs, selon leur taille et leur âge, qui seront recueillis pour être enfouis dans un champ de sable, à l’abri des prédateurs, à la Tortugranja (Ferme des Tortues), lieu consacré à l’observation et à la préservation des tortues des Caraïbes. Pour avoir pu en tenir un dans ma main, je peux vous dire que l’œuf de tortue n’a rien en commun avec les œufs de poule : ils sont gros comme une balle de ping-pong, lourds, et surtout, froids – ce qui est logique mais surprenant pour notre imaginaire qui assimile œuf et douce tiédeur…

prête à pondretortuesun à un, apparaissent les oeufsune partie des oeufs

Il y a déjà 8 nids à la Tortugranja et ce n’est que le début. Dans une cinquantaine de jours, les petites tortues débuteront leur existence dans les bassins de la ferme et  et découvriront la mer, relâchées par les enfants de l’ile, le premier dimanche de septembre, pour aller y vivre leur vie . Celles qui survivront (1 sur 1000) reviendront nous visiter dans quelques années…

les plus récentesIncubateur pour tortuesTortugranja, Isla MujeresUn des bassins de la Tortugranja

J’ai eu la chance, à plusieurs reprises, d’aller les observer. Je ne m’en lasse pas et serai contente de retourner les voir, sans oublier que l’inconscience des hommes a failli avoir raison d’elles, qui vivent sur notre boule bleue depuis depuis l’ère dite des reptiles (entre 245 et 65 millions d’années), survivant à des changements climatiques assez drastiques que pour faire disparaître, à l’ère jurassique, la moitié des espèces y vivant à l’époque, ou encore aux bouleversements causés par la collision d’un météorite dans la zone de Chixculub.
Quatre espèces de tortues marines fréquentent les côtes d’Isla Mujeres : la tortue blanche, la Cahuama, la Carey, et, parfois, la tortue luth.

Tortugranja, Isla MujeresTortugranja, Isla Mujeresl'heure du repas...miam!

La pollution (les sacs en plastique sont des tueurs, lorsque jetés à la mer, confondus avec une méduse par les tortues qui les avalent et s’étouffent ), la dégradation de leur milieu de vie (construction d’hôtels le long des plages qu’elles ont l’habitude de fréquenter), les captures accidentelles par les flottilles de pêche et surtout le braconnage ont considérablement réduit leur population.

Elles sont désormais protégées à travers tout le Mexique et sévères sont les conséquences pour ceux qui se risqueraient à les maltraiter.

Mais plus que par des lois, elles seront réellement protégées lorsque nous respecterons leur milieu de vie, nous y intégrant plutôt que de briser leur fragile écosystème…

Pour plus d’info, je vous invite à consulter les deux sites suivants :

Tortues marines de la Péninsule du Yucatan (en français)

Tortugas marinas – Quintana Roo (en espagnol, mais ne manquez pas les superbes vidéos)

Notes :

. certaines des photos qui accompagnent ce billet (celles de la plage) ont été publiées antérieurement ; j’ai promis de ne plus aller voir les tortues avec ma caméra, après avoir obtenu un « contrat » de cinq photos… elles n’aiment pas ça, les photos, les lueurs des flashs, alors, respectons cela…

. ce billet est dédié à Zoreilles, qui aime les tortues – je lui avais promis de leur consacrer au moins un billet, voilà qui est fait…